Lee Ungno : l'homme des foules

Du 9 juin 2017 au 19 novembre 2017 
Musée Cernuschi - Paris 8e 

Lee Ungno (1904-1989) est l’un des peintres asiatiques les plus importants du XXe siècle, à la croisée des chemins entre l’Extrême-Orient et l’Europe, le passé et le présent.

Son abandon, dans les années 1950, d’un art traditionnel pour des formes modernes et abstraites joue ainsi un rôle pionnier dans la fondation d’un art coréen contemporain. Son intégration ultérieure dans l’avant-garde parisienne aux côtés de Hartung, de Soulages ou de Zao Wou-ki, s’accompagne d’un enseignement de la peinture à l’encre qui inspira toute une génération d’artistes.

 

L’exploration des relations entre calligraphie et abstraction dans les années 1970 donne naissance à un thème emblématique de son œuvre : les Foules qui constituent le symbole de la démocratie naissante en Corée du Sud.

Le musée Cernuschi a accueilli depuis 1971 l’académie de peinture orientale fondée par Lee Ungno et possède dans ses collections plus d’une centaine d’œuvres réalisées entre 1954 et 1989, et dont une sélection présentée dans l’exposition invite le visiteur à découvrir une œuvre foisonnante et à l’énergie communicative.

Lee Ungno, né en 1904 en Corée, s’adonne très tôt à la peinture et remporte ses premiers succès dès les années 1920. Ce n’est qu’à partir des années 1940 que son œuvre connaît une évolution notable vers des tendances modernistes. En 1960, il part s’installer en France. Il y passe l’essentiel de son temps et y meurt en 1989, au terme d’une carrière qui justifie aujourd’hui son statut de pionnier de l’art coréen contemporain et qui le lie définitivement à l’histoire des collections du musée Cernuschi.

Lee Ungno est un artiste très polyvalent. En effet, les grandes tendances dominantes de son style se modifient tous les dix ans. Dans les années 1950, l’accent mis sur la liberté calligraphique de ses coups de pinceau l’amène à produire des œuvres proches visuellement de l’art informel ; les sujets disparaissant derrière une surface recouverte de lignes vigoureuses et de tâches de couleurs. A son arrivée à Paris, il poursuit ses recherches sur l’expressivité et le all-over par le collage dense de papiers froissés issus de magazines. Cet abandon d’un art traditionnel pour des formes abstraites fait de lui l’un des peintres asiatiques les plus importants du XXème siècle.

Parallèlement, son intérêt pour la calligraphie l’amène à reconstituer des idéogrammes imaginaires. Ils vont former le vocabulaire de base de son travail jusqu’à la fin des années 1970. L’aspect infiniment moderne de ces œuvres reste ainsi sous-tendu par l’importance d’un rapport pictural à l’écriture extrême-oriental. Caractéristique qui se définit notamment dans l’utilisation de signes plastiques arbitraires dont le rapport à d’hypothétiques référents est volontairement ambigu.

A la fin des années 1970, son vocabulaire change à nouveau au profit d’un retour à l’encre monochrome sur papier. Le motif le plus courant de ses peintures devient alors la représentation d’êtres humains dont la répétition forme de gigantesques foules, à mi-chemin d’une composition calligraphique abstraite et d’une sarabande humaniste qui reflète ses idéaux progressistes. Ces foules sont ainsi perçues comme le symbole de la démocratie naissante en Corée du Sud. Ce retour aux techniques ancestrales de la peinture coréenne s’accompagne également d’un renouveau chez lui des sujets traditionnels, notamment de la peinture de paysage.