BAE BIEN-U, D’UNE FORÊT L’AUTRE

MAM de Saint Etienne
jusqu'au 31 janvier 2016

Château de Chambord 
jusqu'au 16 juin 2016

Bae Bien-U, né en 1950 à Yeosu (sud Corée) est sans doute aujourd’hui le plus grand photographe coréen vivant. Il vit et travaille à Séoul en Corée du Sud.

La nature est son sujet de prédilection. Aucune trace humaine dans son œuvre, mais des éléments naturels dont les pins, devenus au fil des expositions comme la signature de l’artiste. Selon lui, le pin est le symbole de l’âme du peuple coréen.

 

Bae Bien-U ne reproduit pas la nature : il la reconstruit au moyen de cadrages singuliers. Les plans sont écrasés (arbres, rivages coupés, tronqués) à tel point que la perspective parait abolie.

Le spectateur n’est plus devant mais à l’intérieur d’un paysage, sorte de "fiction naturelle". Le temps et l’espace, ainsi distordus, semblent suspendus dans le silence de la photographie. On notera les emprunts à la peinture de tradition orientale et à l’histoire européenne et américaine du XXe siècle.

Cette dimension formelle demeure au service d’une émotion immédiate : le spectateur, happé par la puissance évocatrice de ces paysages et le grand format, est emporté dans un monde qui serait encore intact, en équilibre, habité par les polarités (vide/plein, sur-présence/évanescence, ...).

Jusqu’au 12 juin 2016, les photographies de Bae Bien-U sont exposées au 2ème étage du donjon.

Bae Bien-U est incontestablement le plus grand photographe coréen d’aujourd’hui.

Accueilli à Chambord depuis le printemps 2014, l’artiste aura séjourné une dizaine de fois au château afin de travailler dans l’immense forêt qui l’entoure. Fidèle à ses motifs d’élection toujours fortement liés à la nature (rivages, arbres, vents, volcans), Bae Bien-U a répondu avec enthousiasme à notre invitation à porter son regard singulier sur la forêt du domaine, qu’il aura photographiée à chaque saison.

Cette résidence au long cours a abouti à une grande exposition, première monographie de l’artiste dans une institution française, qui ouvre l’année croisée France-Corée, et dans laquelle il présente, en regard de la forêt de Chambord, de nouveaux clichés de la forêt de pins sacrée, nécropole des anciens rois de Corée, située au sud de la péninsule coréenne.

Montré dans les plus grands musées en Corée, au Japon, aux États-Unis, en Belgique ou en Espagne (notamment lors de son projet a l’Alhambra), le travail de Bae Bien-U se caractérise par un art consommé de la composition, un dévoilement de la beauté du monde déserté par l’humain, et une charge spirituelle qui va de pair avec la sensualité d’un grain somptueux. Dans ses vues panoramiques en noir et blanc, l’artiste parvient à faire vibrer la chair du monde, à insuffler une part de silence qui transforme le paysage en espace de méditation.

Cette exposition fait écho à celle organisée au Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Etienne Métropole, qui a débuté le 19 septembre 2015 et présente une vingtaine d’œuvres du photographe (Bae Bien-U. Dans le paysage). Le musée désire élargir et approfondir sa vision de l’esthétique contemporaine coréenne, et sensibiliser le public à la découverte de la complexité et de la diversité de la pensée des grands artistes de notre époque.