Musée Gustave Moreau

14, rue de la Rochefoucauld - 75009 Paris 

 La vision et l'invention  
Une grande richesse d'approche du regard, mais surtout une invention de 
l'écriture.  
Il est comme un jongleur pouvant passer de la création d'une écriture à une autre, porté par son imaginaire et la mythologie, notre source commune.

 

"Les dessins forment l’essentiel de cet ensemble. Nous en dénombrons environ quatorze mille, depuis le carnet du premier voyage en Italie en 1841 2 jusqu’aux ultimes dessins pour Les Lyres mortes en 1897. Dès l’adolescence donc, le dessin lui fournit le moyen de rendre compte de son vécu. Plus tard, sa pratique assume, selon les époques, divers objectifs. Cette collection montre que Moreau a été fidèle à l’enseignement de François Edouard Picot, son professeur à l’Ecole des beaux-arts, à savoir le rôle du dessin dans la genèse d’une peinture."

Les chimères : 
Une note sur les Chimères , résume parfaitement sa technique de travail, soit une exécution rapide précédée de nombreux dessins préparatoires : « Ce tableau a été composé et dessiné sans arrêt dans l’espace de quatre mois. Sans arrêt, sans ratures et comme une écriture courante, longtemps médité et conçu, avec tous les croquis d’après nature faits depuis longtemps à l’avance.

Samson et Dalila :
Dans ses réflexions quant à son métier d’artiste, il dit de manière très explicite l’importance qu’il accorde au dessin. Nous en avons plusieurs témoignages. Ainsi, dès 1858, dans une lettre adressée à ses parents depuis Rome, il leur fait part de ce qui est pour lui un souci : « Mes croquis les plus insignifiants même me préoccupent beaucoup » .En 1862, l’année du décès de son père, à la veille de Noël, sur un dessin représentant Samson et Dalila , il réitère, dans un accès de mélancolie, alors qu’il pense à sa propre mort, son désir de conserver ensemble « ces compositions […] [qui] donnent un peu l’idée de ce que j’étais comme artiste et du milieu dans lequel je me plaisais à rêver ».

Portrait d’Alexandrine Dureux :
Alors que, contrairement à d’autres artistes comme Eugène Delacroix, Moreau n’a pas tenu de journal, le dessin en tient lieu. Ses études donnent une vue plus large de son oeuvre que ses peintures. Ainsi les portraits dessinés sont-ils nombreux et permettent-ils oeuvre d’entrer dans l’intimité de l’artiste, notamment à travers les très beaux portraits de son amie Alexandrine Dureux ou encore de son ami devenu son exécuteur testamentaire, Henri Rupp, parfois caricaturé par Moreau. Le dessin est plus facétieux que la peinture. Il est assurément plus affectif aussi. Les annotations portées sur ceux-ci parlent d’ailleurs à la manière d’un journal intime. Les portraits peints sont réservés à ses parents et placés, telles des icônes, dans la chambre de l’artiste que l’on visite aujourd’hui comme un véritable lieu de mémoire dédié à sa famille. Certains sujets ne trouveront pas d’aboutissement en peinture, tels Les Suivantes infidèles, L’Apothéose d’Hercule, La France vaincue, etc... L’appréhension globale de l’oeuvre passe donc obligatoirement par les dessins.