Exposition de Sonia Delaunay

Les Couleurs de l’abstraction
musée d’Art moderne de la ville de Paris (Paris 75016),
du 17 octobre 2014 au 22 février 2015.  

"Tout est sentiment, tout est vrai"

Libre, Sonia Delaunay ne respecte pas la distinction entre "art majeur" et "art mineur". Elle passe allègrement de la peinture aux arts appliqués, dessinant des imprimés "simultanés" pour des tissus, imaginant des manteaux-­tableaux (celui de la star du cinéma muet Gloria Swanson est magnifique), fabriquant des reliures de livres et esquissant des affiches publicitaires.

Elle a commencé à déborder du cadre lorsqu'elle était enceinte de son fils Charles, pour qui elle fabrique le décor de sa chambre selon les principes du simultanéisme. La couverture patchwork du bébé est exposée au musée d'Art moderne ainsi que des meubles (dessinés par Sonia), des tapisseries… "Elle fait ses premières œuvres abstraites sur des supports inattendus", raconte Anne Montfort.

 

En 1917, en raison de la révolution russe, Sonia Delaunay perd ses biens immobiliers en Russie. Alors réfugiée en Espagne avec son mari et son fils, elle lance une maison de décoration afin de gagner sa vie. La voilà designer avant l'heure. De retour en France, elle crée la "maison Sonia Delaunay". Une aventure dans la mode très joliment évoquée dans l'exposition et qui se terminera avec la crise de 1929. Maillots de bain, ombrelles, bonnets pour garçonnes filant en voiture décapotable, cravates… "Les historiens de l'art lui ont souvent reproché de s'être dispersée, mais dans ces tissus on voit qu'elle cherchait à capter l'œil, l'attention." Une volonté de frapper fort grâce aux rythmes des couleurs que l'on retrouve encore dans les années 1960, à travers des séries de gouaches très vives. "Tout est sentiment, tout est vrai. La couleur me donne la joie", disait Sonia Delaunay. Une joie contagieuse.