Sensations de nature, de Courbet à Hartung

Courbet, Pissaro, Cézanne, Van Gogh, Bonnard, de Staël, Hartung, Bergman, Penone

Musée Gustave Courbet à Ornans
Du 4 juillet au 12 octobre 2015 

À partir de la seconde moitié du XIXe siècle, des peintres ont choisi de se détacher des principes académiques de représentation fidèle ou idéalisée de la nature, pour développer une approche beaucoup plus intuitive, subjective et corporelle : la sensation. 

 

Une véritable révolution esthétique qui se développera tout au long du XXe siècle ! 

À travers les œuvres de ces neuf artistes, l’exposition montre la nature par le prisme des sensations propres à chacun et fait entrer en résonance figuration et abstraction.

De Courbet à Hartung en passant par Cézanne, Monet, Pissarro, Nicolas de Staël, Sérusier, Signac, Bonnard, Masson, Léger ou encore Bergman et puis Penone, une cinquantaine d’œuvres s’expose au musée Courbet à Ornans.

À partir du milieu du XIXe siècle, la représentation artistique de la nature connaît l’une des plus grandes révolutions esthétiques. Alors que les codes établis privilégient une vision idéalisée ou une copie fidèle, des artistes vont choisir une approche plus sensitive et personnelle pour parvenir à faire ressentir la nature à travers la peinture et non simplement la montrer. 

Intuitive, subjective, émotive, la Sensation de nature devient alors un terrain d’étude plastique de première importance. 

De Courbet à Penone, cette exposition se propose de faire entrer en résonance figuration et abstraction... par le rapprochement de sensations artistiques propres à chaque artiste et à chaque époque.

La nature : une palette de sensations !

Bien que trop souvent et trop exclusivement qualifié de maître du réalisme, Gustave Courbet fut en fait un pionnier dans l’art de peindre la nature à partir de ses sensations. Par l’utilisation de pâte épaisse, voire de substance terreuse, il rend presque physique la matérialité de son sol natal.

Inspirés par cet exemple, entre 1861 et 1885, Cézanne et Pissarro qui travaillent ensemble, poussent encore plus loin l’expérimentation du rendu sensoriel et ouvrent la voie à la modernité.

Pierre Bonnard est une figure marquante de cette modernité. Sa personnalité s’est façonnée entre la fin de l’impressionnisme, si riche en impressions nouvelles, et le mouvement nabi pour qui la peinture doit être une transposition de la nature, « l’équivalent passionné d’une sensation reçue » (Maurice Denis).

Plus tard, Nicolas de Staël pénètre le réel de la nature jusqu’à le réduire à une ébauche abstraite. Son travail n’est pas seulement pictural, mais aussi philosophique et imprégné d’existentialisme, et le conduit à des tableaux animés par un extraordinaire pouvoir de génération lumineuse.

Figures incontournables de l’art moderne, Hans Hartung et Anna-Eva Bergman ont choisi l’abstraction comme expression sensorielle de la nature. Dans les années 1970, parmi ses innombrables expérimentations plastiques, Hans Hartung utilise d’immenses balais de genêts qui poussent auprès de son atelier pour produire des œuvres où la sensation physique est proche du sublime romantique. Anna-Eva Bergman confiait vouloir faire ressentir «derrière la frontière horizontale», «une expérience pure de la nature». En utilisant notamment la feuille de métal, elle parvient à traduire des sensations de transparence et d’infini.

Aujourd’hui, l’italien Giuseppe Penone, sculpteur des veines de marbre mais aussi des odorantes feuilles de lauriers, dans une démarche très intime, offre au travers de son intuition créatrice, son individualité d’artiste et son universalité d’être humain pour rendre plus étroite la relation de l’homme avec la nature.